Conséquences de l'accident de Tchernobyl sur l' agriculture
L'accident survenu dans la centrale de Tchernobyl a également eu des conséquences sur la production agricole, conséquences mieux appréhendées eu égard à l'importance économique de cette activité.
Quel que soit l'endroit du monde, tous les sols utilisés pour l'agriculture contiennent des radionucléides en plus ou moins grande quantité. Ceux-ci sont alors absorbés par les cultures puis transférés aux denrées alimentaires et ensuite aux animaux et à l'homme.
Radioactivité de denrées alimentaires de base produites dans les régions proches de Tchernobyl
Une contamination excessive des terres agricoles due à un accident nucléaire peut se traduire par des niveaux inacceptables de radionucléides dans les denrées alimentaires.
Les contaminants radioactifs qui ont le plus d'effets sur l'agriculture sont ceux qui sont le plus fortement absorbés par les cultures, qui ont des taux élevés de transfert aux produits d'origine animale et ont des périodes radioactives relativement longues. Les voies de transfert écologique qui provoquent la contamination des cultures ainsi que le comportement radio écologique des radionucléides sont des processus complexes qui sont influencés, non seulement par les propriétés physico-chimiques des radionucléides, mais aussi, par le type de sol, le système de culture, le climat, la saison et, le cas échéant, la période biologique des animaux. Les principaux radionucléides dont il faut se préoccuper dans l'agriculture à la suite d'un accident nucléaire sont l'iode 131, le césium 134 et 137 et le strontium 90.
L'absorption par les racines revêt un caractère de moindre gravité que le dépôt direct sur les plantes qui constitue la principale source de contamination des produits agricoles dans les régions tempérées. Le type de sol ainsi que les procédés agricoles influent sur leur transfert aux eaux souterraines et aux plantes.
L'ampleur de l'absorption du césium et du strontium par les plantes dépend étroitement de la présence dans les façons culturales d'engrais à base de potassium et de calcium car ces deux derniers produits sont assimilés par les plantes de la même manière que les radionucléides. Aussi, un taux élevé d'utilisation d'engrais au potassium permet de réduire l'absorption du césium, tandis que le chaulage peut réduire l'absorption du strontium.
Une contamination radioactive à grande échelle
Les rejets intervenus au cours de l'accident de Tchernobyl ont contaminé, en Biélorussie, en Russie et en Ukraine, une superficie d'environ 125 000 km2 avec des niveaux de césium radioactif supérieurs à 37 kBq/m2 et d'environ 30 000 km2 avec des niveaux de strontium radioactif supérieurs à 10 kBq/m2. Près de 52 000 km2 de cette superficie étaient des terres agricoles, le reste étant constitué par des forêts, des plans d'eau et des zones urbanisées.
En 2001, l'attention se concentre principalement sur le césium 137. L'iode 131, extrêmement redoutable dans les semaines qui ont suivi la catastrophe, a complètement disparu du fait de sa courte période radioactive. Par contre, en raison de leur période et des quantités rejetées dans l'atmosphère, une présence importante de radionucléides a été relevée, essentiellement du césium 137, mais également du strontium 90 ou du plutonium 239. La quasi-totalité des dépôts de césium se retrouve maintenant à faible profondeur. Sa migration est faible et sa disparition de la surface des sols très lente. Plus de douze ans après l'accident, le césium se concentre dans les cinq premiers centimètres de la litière végétale et favorise la contamination par les racines.
En Ukraine, comme dans la plupart des territoires contaminés, l'agriculture produit des denrées alimentaires contenant des radionucléides dans des proportions jugées admissibles, c'est-à-dire inférieures à 100 Bq/l pour les produits laitiers, 200 Bq/kg pour la viande, 20 Bq/kg pour les pommes de terre et le pain. Cependant, il existe de grandes disparités selon les exploitations agricoles. Cette situation est due au pâturage des animaux dans des prairies polluées et aux grandes variations des coefficients de transfert du césium 137 suivant la composition du sol.
En Ukraine, les 8,4 millions d'hectares de terres agricoles contaminés par le césium 137 et qui bénéficient d'un traitement à base d'engrais, se répartissent comme suit :
- Une superficie de 54 900 ha, située dans la zone d'exclusion, et une superficie de 35 600 ha avec des niveaux de contamination supérieurs à 555 kBq/m2 sur lesquelles toute activité agricole est proscrite ;
- Une superficie de 130 800 ha avec des niveaux de contamination allant de 185 à 555 kBq/m2, y compris 15 000 ha de tourbières où le transfert de césium aux plantes est le plus élevé ;
- Une superficie de 1,1 million d'ha, avec des niveaux de contamination allant de 37 à 185 kBq/m2, y compris 99 500 ha de tourbière ;
- Une superficie de 7 238 millions d'ha, avec des niveaux de contamination compris entre 3,7 et 37 kBq/m2.
Si, dans les régions les plus contaminées de Biélorussie, d'Ukraine et de Russie, l'utilisation des sols doit toujours être restreinte, les experts estiment qu'un quart de siècle après l'accident la production de denrées alimentaires devrait ne plus être soumise à aucune restriction.
Le passage du "nuage radioactif" sur la France n'a pas eu de conséquence sur la production agricole. En revanche, en Grande Bretagne et dans certains pays nordiques, des restrictions ont été imposées, pendant quelques temps, au mouvement et à l'abattage des moutons et des rennes.
L'accident de Tchernobyl n'a pas eu seulement des conséquences néfastes sur l'environnement, elle a eu également des effets négatifs sur l'état sanitaire des populations exposées aux radiations.
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